VIOLENCE MON ANGE

CRÉATION

VIOLENCE MON ANGE

Violence mon ange est un projet qui prolonge notre démarche auprès des jeunes. Qu’est-ce qui pousse les garçons ou les filles à l’acte ? Pourquoi les garçons et les hommes commettent-ils statistiquement plus d’actes de violence que les filles et les femmes ?  Est-ce que les raisons données par la société et les instances coïncident avec les leurs ?  Pourquoi l’acte de violence apparait-il parfois comme la seule solution ? Pourquoi la violence fictionnelle représentée à l’écran peut être si attirante, si fascinante parfois ? 

Avec : distribution en cours

Texte : Juliet O’Brien (à partir des témoignages recueillis)

Mise en scène : Juliet O’Brien

Musique : Anne-Lise Briot 

Lumière : Jérôme Baudouin

Production déléguée : 
Collectif Jacquerie

Avec le soutien de : 
La ville de Villejuif

NOTE D'INTENTION - JULIET O'BRIEN

L’été 2023, j’ai été confrontée à deux évènements d’une grande violence avec pour fond les émeutes qui ont embrasé la France en juin de la même année.  Je pensais toujours pouvoir garder la violence physique à distance, et tout en sachant qu’elle n’est jamais loin, pouvoir m’en préserver. Je n’avais jamais été, jusque-là, touchée au sein de mon cercle familial et personnel.

En juin, un ami est frappé à la tête en pleine journée, dans la rue, par un inconnu. Il est placé en coma artificiel et après 5 semaines de lutte, il est débranché. C’était un homme brillant, le père d’une jeune fille de 17 ans, un frère, un fils, un ami….

Pendant cette période, je suis régulièrement passée le voir à l’hôpital – je m’interrogeais encore et encore sur cet acte barbare dénué de sens – un acte qui ressemblait à tant d’autres dont on entend parler tous les jours, sur les réseaux sociaux, à la télévision, mais là il s’agissait de mon ami… je l’ai vu sortir du coma, l’espoir est revenu et puis tout s’est arrêté.

Ensuite se sont enchainées les émeutes…

Un mois plus tard, à la suite d’un accident tout bête je me retrouve aux urgences dans ce même hôpital où mon ami avait été pris en charge.  Je suis immobilisée sur un brancard, incapable de me déplacer et je deviens pendant 10 heures le témoin obligé d’une succession de violences : au milieu de bagarres successives, des hommes alcoolisés insultent le personnel, une femme droguée crache sur les pompiers, un homme sous influence menace de me casser la gueule, j’entends une petite dame qui demande tout doucement un drap car elle a froid. Le drap ne viendra pas, aucun verre d’eau, rien à manger pendant 10 heures. Plus tard, un jeune homme en difficulté psychiatrique, le drap sur la tête qui le fait ressembler à une nonne, arrose de parfum, avec insistance, tous les pieds des gens en brancard. Il se fait traiter de tous les noms par un autre homme ensanglanté et par son ami qui le menace à son tour, « Je vais te péter la gueule, espèce de pédé ! ». Enfin une petite dame, perdue, tournant pour la énième fois autour de moi me demande ses clefs car elle veut rentrer chez elle et ….  je craque, je sens les larmes monter et couler, je cache mon visage, je pleure ; submergée par la violence, je sens sourdre en moi, après 10 heures d’attente, une sorte de plainte qui ne s’exprime que par les larmes – il n’y a plus d’espace dans la pièce pour la colère ; la violence s’est immiscée dans chaque coin des urgences, étouffant toute possibilité d’être domptée…… puis un des jeunes hommes, moins agressif que les autres se lève, s’en va, puis revient avec à la main un biscuit breton collecté au distributeur, il s’approche de moi et me l’offre.  Je retiens mes larmes, je lui propose des « sous » ; il refuse.  Je grignote mon biscuit comme une enfant qui retrouve son souffle, sauvée par ce geste inattendu, dans un désert d’humanité.   Violence mon Ange.

À venir...

Résidences de création (En construction)